O’Hare

En transit à Chicago O’Hare, cet aéroport au bout de la Blue Line que j’ai tant fréquenté il y a dix ans. Pour moi, Chicago a toujours senti le chocolat. Il paraît que c’était à cause d’une manufacture de cookies, en bas du Loop, là où nous avions nos quartiers. Je n’ai jamais investigué, je préférais me dire que c’était l’odeur naturelle de la ville. Ça lui allait si bien, jusqu’à la couleur. À O’Hare, je me rends dans la Food Court pour sauver ma journée avec un cappuccino Intelligentsia – si rare de trouver un bon café à l’aéroport – et je suis submergée par une odeur grasse et aillée qui crie Chicago ! Je suis un peu navrée de me rendre à l’évidence que ma merveilleuse Windy City est aussi indissociable de l’odeur de la Chicago pizza, cette espèce de tarte au concentré de tomates baignant dans l’ail et le fromage. J’adore la street food, les sandwichs au lomo suintant de graisse achetés dans les villes au hasard de la pampa argentine, les bols de nouilles non identifiées sur des bancs en plastique de Hanoi, le Bratwurst au vin chaud qui laisse des taches sur les manteaux, j’ai mangé avec délectation des insectes, des utérus de vache, des plantes sous toutes les formes ; la Chicago pizza, je n’ai jamais eu le courage de la goûter.