Lorsque nous rentrons de la dernière virée au lac gelé avec les academic kids, le petit lapin gît devant notre porche, sur le flanc, museau encore tiède, les entrailles déversées sur l’allée. Ces trois dernières semaines, les enfants le repéraient tous les soirs en rentrant de l’école, sa queue blanche dans la pénombre, juste devant notre porte. Les academic kids avaient le même ravissement, quand ils venaient dîner et rentraient dans notre maison de bois bien chauffée, avec leur chaussures pleines de neige et les bras chargés de bières locales. Tous les quatre autour du corps, nous parlons logistique, symbolique et animal. Ar. assure : « Le vôtre était un peu plus petit, ça doit en être un autre. » Ironie soulevée par M. qui rit tristement : « Oui c’est vrai, alors ce n’est pas grave…? » Je dis : « On pourrait lui creuser une tombe dans le jardin ? » Le petit lapin finit dans un sac poubelle, le camion des ordures passait justement le lendemain. Et les academic kids ont quitté la Pennsylvanie.