BWV

Son visage découpé dans la pénombre, la lanterne jaunissant son halo en vieille carte postale, il me débite des mots et des notes en un souffle – quelque chose à propos d’une pièce de Bach entêtante coincée dans son esprit ; et les chuchotis d’orgue derrière les murs de l’église où nous nous sommes réfugiés. Plus tard, il m’écrit : j’ai retrouvé le morceau, l’obstinato du motif de la main gauche, les voix conjointes et rythmées, et des fioritures en lettres d’or qui se gardent contre le cœur. Le morceau, je le découvre dans mes écouteurs, renversée sur un lit en Sologne, parmi les affaires éparpillées de A., son tome 4 de Harry Potter. Je vois la lumière qui décline sur le ciel bleu par la fenêtre de pierre épaisse. Et je pleure, bouleversée, des sons, des mots, du cinéma de la vie qui enchaîne ses plans et séquences, qui s’obstine à me faire vivre le monde dans sa plus grande beauté.

Dans « Midnight in Paris », dir. Woody Allen, 2011