C’est Disneyland, je me suis dit au pied des dunes, naviguant entre les flots de touristes déguisés en danseuses chinoises pour les photos, les balades en dos de chameau et les luges, sans compter les horribles sur-chaussures orange fluo pour éviter le sable dans ses baskets.
Comme si on venait grimper dans les dunes pour rester immaculé.
J’essayais de ne voir que cette ligne de crête parfaite tracée par le vent et la mécanique des fluides, ligne parfaite écrite par la lumière qui pose la limite du clair et de l’obscur.
À la lumière rasante, j’ai monté cette longue échelle de corde dans le sable fin. Je m’attaquais – je l’ai su plus tard – à la pente la plus raide, alors le chemin était vide, et je n’étais pas fourmi dans ces autres files à pattes orange fluo.
Ensuite, j’ai dévalé ces centaines de mètres de dénivelé d’une traite. Flottement fluide et molletonné : sans doute l’expérience terrestre se rapprochant le plus de la course dans les nuages.
Puis, comme le soir tombait et que le site se vidait, j’ai eu le Temple du Croissant de Lune pour moi toute seule. Inespérée solitude en Chine. Sur la passerelle entre les couloirs de bois et la tour, les plaquettes en bois rouge peints de vœux cliquetaient dans le vent. Le silence soudain, loin des haut parleurs, des touristes brailleurs, des musiques irritantes, ce silence entouré de l’appel du vent, ces cliquettements de bois et les arbres dorés bruissant. Et cette porte ronde donnant sur le désert, comme une surprise.