Electre nécessaire

Egisthe (François Chaumette) et Electre (Geneviève Casile), Acte II Scène 8, Electre de Jean Giraudoux, mise en scène de Pierre Dux, Comédie Française, 1971. Éditions Bernard Grasset, 1987.

Je n’avais pas encore eu l’occasion de terminer la lecture d’Electre avec les enfants. Qu’en comprennent-ils ? Lorsque le mendiant raconte la fin d’Agamemnon puis celle de Clytemnestre et d’Egisthe, je suis sur scène à la Comédie, et je dis le texte dans l’ombre d’une salle suspendue. Mais comme je ne suis pas actrice, ma voix se brise au moment où Egisthe crie : « Electre ! »

Quelques secondes pour me ressaisir avant de lire la scène finale.

Jamais je n’avais pleuré en lisant Electre. C’est chose faite ; et je ne pleure pas seule. [C’est donc pour cela que j’ai eu des enfants – pour être en résonance au moment où je pleure pour la première fois en lisant Electre.]

Pourquoi pleurent-ils ? A. est dans la catharsis. Moi je pleure pour Egisthe. Egisthe qui est toute la mesure et la raison magnifiques, et qui se fait tuer pour la nécessité d’absolu, de beauté, de toutes ces choses qui font que l’Humanité souffre, crée, sublime. Toutes ces années j’étais persuadée qu’il n’y avait plus de petite Electre. Je pleure de réaliser qu’Electre est nécessaire.

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