Langueur, cont.

En ce lundi de Pâques où la moitié de la planète compte ses lapins et digère ses agneaux, je dépose mes enfants à l’école sous le déluge, puis retrouve les plus vaillants et les sympathiques pour une réunion G. très douce. Sous le conseil de K., j’avais contacté H. pour lui demander de me décrypter la façon chinoise, ce qu’elle fait avec beaucoup de simplicité ; et ensuite Da. qui m’appelle pour me donner des nouvelles du laboratoire – malgré le jour férié – juste pour nous rappeler nos challenges à venir ; je dis que PH est d’accord pour faire nos réunions de direction en arpentant des musées ou dans des bars d’hôtel de luxe. Encenser Pa. et la façon dont il habite sa fonction, dire du bien des uns et des autres, notre envie de protéger les doctorants, il parle du soleil déclinant et de la branche d’amandier qu’un gamin puis un chien veulent lui prendre des mains, et de quatre tableaux de Shafic Abboud. Dans l’après-midi, je m’écrase dans un sommeil agité : mon éditeur m’accueille dans un centre de conférences inconnu et a imprimé la mauvaise version de mon chapitre, ma collègue H. me montre des artefacts anciens chinois dans des vitrines en verre, mais tout ce que je voudrais, c’est savoir si mon chapitre… la sonnerie violente de mon réveil me somme de m’habiller et d’aller chercher mes enfants.

Son : une recommandation musicale de ma brillante M., dont la lumière, l’inépuisable enthousiasme et la profonde culture (c’est à elle que je dois Beauvoir !) m’accompagnent sur ses trois ans de thèse, comme je tente de l’accompagner. Al Di Meola, John McLaughlin, Paco de Lucia (le grand amour de Pa., et quand on écoute, on comprend pourquoi), Mediterranean Sundance/Rio Ancho, 1980.

Shafic Abboud, À l’atelier, 1970, Huile sur toile. Que de lumière, et ces juxtapositions, entre mouvement et tapis d’orient, comme la capture vécue d’un instant.