L’impuissance fait mal au cul

Ensuite, j’étais moi-même allongée sur le flanc aux urgences, damnée et pathétique, Berlioz et son Faust dans les tympans, celui de Goethe traduit par Nerval entre les doigts. J’avais ce fil de réflexions : si c’est cassé, je ne pourrai aller ni à Chicago demain, ni à Washington DC samedi, ni peut-être même à Paris, ni à Londres en février. Si c’est cassé, c’est la vie qui me dit : calme ta joie et arrête de faire n’importe quoi. Si ça n’est pas cassé, ça voudrait dire que… je peux continuer…?

Une heure plus tôt, sur le parquet de ma chambre, effondrée, la douleur aiguë, insupportable, je suis restée immobilisée longtemps, parcourue de frissons de douleur. Et désespérée, pas par l’impuissance physique de l’instant, mais parce que je m’étais ratée. Parce que c’est le moment où mon corps me signale que j’ai cherché à vivre au dessus de mes moyens. Je pleurais et je riais à la fois, secouée de longs sanglots qui effrayaient mes enfants, je me disais : « Quel summum de l’orgueil, je pleure parce que je suis vexée, là par terre, si vexée de ne pas être plus puissante, de me heurter à mes limites, de devoir peut-être tout arrêter pendant un temps, et de me reposer ! »

Finalement, la médecin m’annonce qu’il s’agit d’une fêlure du coccyx sans grande gravité, que je peux reprendre ma vie, me déplacer comme prévu, travailler, et que ce sera simplement inconfortable. Cet extraordinaire signe de la vie qui me soutient dans mes entreprises professionnelles et familiales, mais avec ce rappel constant pendant quelques semaines qu’il faut calmer ma joie, car partir dans le décor, ça fait mal au cul.

Son : Hector Berlioz, La damnation de Faust, “Les bergers laissent leurs troupeaux”, Orchestre philharmonique de Strasbourg, dirigé par John Nelson, 2019

P. Duménil, Sacrum, coccyx, os coxal, gravure, 1831

Le petit lapin est mort

Beatrix Potter, The Tale of Peter Rabbit, 1902

Lorsque nous rentrons de la dernière virée au lac gelé avec les academic kids, le petit lapin gît devant notre porche, sur le flanc, museau encore tiède, les entrailles déversées sur l’allée. Ces trois dernières semaines, les enfants le repéraient tous les soirs en rentrant de l’école, sa queue blanche dans la pénombre, juste devant notre porte. Les academic kids avaient le même ravissement, quand ils venaient dîner et rentraient dans notre maison de bois bien chauffée, avec leur chaussures pleines de neige et les bras chargés de bières locales. Tous les quatre autour du corps, nous parlons logistique, symbolique et animal. Ar. assure : « Le vôtre était un peu plus petit, ça doit en être un autre. » Ironie soulevée par M. qui rit tristement : « Oui c’est vrai, alors ce n’est pas grave…? » Je dis : « On pourrait lui creuser une tombe dans le jardin ? » Le petit lapin finit dans un sac poubelle, le camion des ordures passait justement le lendemain. Et les academic kids ont quitté la Pennsylvanie.

L’Espèce fabulatrice

Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice, Ed. Babel, 2008.

Nancy Huston, toujours dans des thématiques et des propos d’une résonance phénoménale, dans un essai qui se dévore comme un petit roman. Il s’agit justement du roman dont elle parle. Du fait que nous sommes, Humains, dans la fiction dès l’instant zéro, à partir du moment où nous nommons, où nous cherchons un sens à ce qui se passe, dès la conscience de notre existence. Nous fabulons, et c’est un véritable pouvoir – pas seulement restreint aux écrivains.

Vous fabulez, en toute innocence. Par les mêmes procédés qu’emploient les romanciers, vous créez la fiction de votre vie.

— Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice, 2008

Son texte va dans le sens des titres anaphoriques de mes billets : « La vie comme un roman ». Et l’autre idée qui m’a toujours été chère qu’elle argumente, est que oui, cette vie est un roman, et nous avons le contrôle du personnage que nous y développons. Nous pouvons le jouer et écrire notre vie.

[Les personnages de roman] nous donnent de la distance précieuse par rapport aux êtres qui nous entourent, et – plus important encore – par rapport à nous-mêmes. Ils nous aident à comprendre que nos vies sont des fictions – et que, du coup, nous avons le pouvoir d’y intervenir, d’en modifier le cours.

Elle conclut, après avoir, d’un paragraphe bien senti, envoyé au tapis Schopenhauer, Bernhard, Houellebecq et leur nihilisme :

La vie a des Sens infiniment multiples et variés : tous ceux que nous lui prêtons.

Notre condition, c’est la fiction ; ce n’est pas une raison de cracher dessus.

A nous de la rendre intéressante.

Je répète, pour ceux au fond à côté du radiateur qui ne suivent pas : la vie est un roman, à nous de nous rendre disponibles et la rendre intéressante.

Academic family

Je dis à P. : « Ça valait la peine de venir en Pennsylvanie rien que pour ces trois semaines avec nos academic kids. » Les academic kids, M. ma lumineuse (Julie Delpy ?) et A. le très cool (Ethan Hawke ?), nos doctorants parisiens respectifs, composent avec nous une drôle de famille pennsylvanienne temporaire. Exquis, brillants, enthousiastes, ils sont le combo de doctorants et d’invités délectables. Entre les discussions au tableau dans le bâtiment de physique, les allées du campus pleines de neige, au bord de lacs gelés et notre salle à manger, à cuisiner des crumbles et des salades japonaises pour eux, les accueillir pour faire leur lessive, et les écouter lire à nos garçons le soir, les conduire à l’agence de location de voiture et leur donner des tuyaux sur Philly. J’emmène M. dans les dédales de la grande bibliothèque universitaire, et la grande joie de la voir partager mon enthousiasme, emprunter La force de l’âge sur son conseil, parler de gerbes atmosphériques et d’émission radio, de méthodes de régression linéaires à quatre, mais aussi avec mon frère de thèse K. et une post-doctorante pleine d’envies, à chaque instant une forme de perfection d’interagir avec eux, l’absence totale de fausse note.

Ce que j’aime, dans ce chapitre de ma vie, et ce que nous offrent ces academic kids, c’est d’être ce couple rêvé avec P. : si tranquilles, avec notre maison toujours ouverte, de pouvoir les inviter à dîner de façon impromptue, leur offrir notre aide logistique, financière, et bien sûr scientifique. Il y a dix ans, nous étions les Bacri-Jaoui de la physique. Aujourd’hui, nous sommes les Pylade-Electre de la physique, à notre façon propre, dans une intelligence, une harmonie et une puissance que je ne m’explique pas. Comme à l’époque, quand nos regards se croisent et que nous apprécions tout ce qui est, je murmure : « Il ne faut pas s’endormir. Il faut continuer, toujours, à tendre ensemble vers cette justesse-là. »

Son : Vladimir Cosma, LAM Chamber Orchestra, Mouvement perpétuel, dans la BO du film Les palmes de M. Schutz, par Claude Pinoteau, 1996.

Isabelle Huppert et Charles Berling, dans Les palmes de M. Schutz, de Claude Pinoteau, 1996. Le film qui, avec le film quotidien qu’était la carrière de mon père, m’a inspirée vers ce métier.

Perdue entre les passerelles

Au réveil ce matin, la neige a tout blanchi. Encore. Comme dimanche dernier au réveil. Comme mardi dernier au réveil. Des couches déposées comme un appel à l’oubli et à l’effacement, comme autant de pages blanches. Je voudrais sommeiller dans mon lit toute la journée, sur les passerelles des mondes parallèles de ces semaines passées. Les images, les mots, les sensations passent et repassent dans la nébuleuse de mon esprit, sans que je n’agrippe rien, sans que rien n’ait véritablement de sens. Je dis : « Je n’arrive pas à digérer tout cela. J’imagine qu’il faudra que j’écrive pour le faire. Je n’ai juste pas encore trouvé sous quelle forme. »

[Edit : alors j’ai écrit tous les billets qui précèdent, un par un, comme des filaments que l’on s’extrait du cerveau pour les déposer dans un pensieve.]

Son : Christine and the Queens, Nuit 17 à 52, in Chaleur humaine, 2014. Chanson mystérieuse et écorchée – saupoudrée d’un anglais à la prononciation et à la grammaire hasardeusesque j’écoute en boucle depuis deux semaines.

Lincoln Park, Chicago, IL, déc. 2023, © Electre

Pennsylvania Song

Longues longues routes entre les collines pennsylvaniennes enneigées, longues longues rues bordées de maisons de briques aux portes colorées, longues longues bourrasques de vent glacial, dans de longues longues conversations qui s’étirent, vont et viennent, dans des lampées de café ; quelque chose, comme un temps gris et une musique langoureuse, longue nuit, de mots et de mots, dans des compte-gouttes aux paupières closes, le grand rectangle des rêves aux draps vierges. Semi-inconsciente, je lançais dans des paniers de basket des pommes-neutrinos vertes, je pensais à Delphine Seyrig et sa robe rouge, à la succession des voix off qui disent et ne disent rien, au phénomène confus de la contemplation, à la profondeur bouleversante de l’ellipse. Au matin ma robe noire, mes cheveux mouillés, et cette petite tache de peau blanche au-dessus du genou gauche de mon bas de cachemire, l’accroc de la boucle de ma botte quand j’ai croisé les jambes. Le soir, N. me confie tant de choses qui lui sont apparues et qui me remuent, et sur moi, elle me demande : « Electre, qu’essaies-tu de sauver exactement ? »

Son : toujours cette antienne, mais cette fois-ci entonnée par la voix rauque de Jeanne Moreau, composée par Carlos d’Alessio, India Song, 1975, dans la BO du film éponyme, par Marguerite Duras, basé sur son roman Le Vice-Consul.

Paul Cambo et Renée Devillers dans Electre de Jean Giraudoux, au Théâtre de l’Athénée, Paris, mai 1937. Photo Roger Viollet.

Workshop [2] : Le racle

X. m’évoque avec nostalgie cette époque révolue, insouciante, où il se retrouvait avec ses potes pour faire des jeux sur ordinateur. Le sentiment d’appartenance et de partage, tout ce qui s’est défait lorsque les uns et les autres se sont mariés, ont eu des enfants, sont partis travailler ailleurs, se sont engouffrés dans les obligations et l’hémorragie du temps, loin du fun et de la gratuité.

Je repense à cette semaine pennsylvanienne, en compagnie de lui, O., V., mon mari, nos enfants académiques, une bonne fraction de mes collaborateurs proches. Dans ma salle à manger avec mes garçons jouant dans leur chambre pendant que la tempête de neige s’abat sur la ville, dans une vieille usine d’allumettes transformée en distillerie à déguster des whiskies, dans un bar tout en miroirs et lampes Tiffany, autour de cafés sur des tables en bois vintage, dans une salle d’université sous le vidéoprojecteur, autour d’un lac gelé à se lancer des boules de neige.

Partout, nous sommes unis par le désir d’apporter la petite pierre à la cathédrale de la science. Nous sommes unis par cette étrange curiosité scientifique et l’allumage de notre cerveau quand le puzzle est mis sur la table. Cette chose nous lie, comme une excuse, comme un jeu sur ordinateur. Mais ce qu’il y a d’enviable, c’est qu’en saisissant cette excuse, nous nous retrouvons dans les plus jolis recoins du monde, à nous sustenter et à bavarder, à nous croiser et re-croiser, à re-connecter. Et plusieurs fois par semaine, nous nous réunissons tous en ligne, pour avancer sur nos projets et nous charrier mutuellement.

Je dis : Tu sais, cette Collaboration G., c’est pour moi exactement cela. Notre métier nous fournit une excuse pour continuer à appartenir à un groupe de belles personnes avec une visée commune, à pouvoir être tour à tour dans la déconnade et le sérieux, à avoir ensemble les yeux qui brillent. Pour nous, physiciens, ça ne s’est jamais terminé, cette époque où l’on se retrouvait pour jouer ensemble. Parce que les obligations, les engagements temporels, ce sont justement de se réunir et de construire ensemble. Et le fun et la gratuité, c’est notre cœur de métier.

Car oui, tout ça est parfaitement gratuit – nous ne causons aucune guerre, aucune crise financière, nous ne sommes une menace pour personne, simplement une bande de neuro-atypiques qui veulent leur dose de dopamine. Et par la même occasion, nous faisons avancer les connaissances de l’Humanité, nous rêvons et faisons rêver.

Qu’un tel métier existe : un miracle.
Que je l’exerce : un racle, i.e., un double mi-racle.

Participants au Premier Congrès de Solvay, 1911, dont Max Planck, Arnold Sommerfeld, Ernest Rutherford, Marie Curie, Henri Poincaré, Albert Einstein, Paul Langevin… La grâce solitaire de Marie Curie (elle aussi probablement hautement neuro-atypique et tarée) dans cette bande de neuro-atypique mâles moustachus et complètement tarés.

Workshop [1] : La folie physicienne

Traces de particles dans une chambre à bulle #3, © CERN

Il faudra qu’un jour je comprenne ce qui nous anime, nous physiciens, à faire de la physique. Je crois qu’in fine, il s’agit de cette envie de résoudre le puzzle – que notre esprit ne se satisfait pas de ne pas avoir trouvé la solution à une énigme qui nous est posée, qu’il tourne en boucle autour de la question, et que les petites résolutions successives sont autant de dopamine addictive. Encore, encore ! disent nos neurones en manque. Et c’est cela qui fait que le regard s’allume et que nous nous enflammons n’importe où, n’importe quand, même (surtout) quand nous sommes en train d’échanger des banalités. Et que nous passons pour les tarés – que nous sommes.

« Je suis originaire du Connecticut, un État qui est vu comme une banlieue de…
— Attends, quel est le facteur qu’on gagne à basse énergie en allant à basse altitude avec les antennes phasées ? [Yeux allumés, question, espoir.]
— Je dirais un facteur « quelques », peut-être même un ordre de grandeur. Mais le problème, c’est toujours la probabilité de sortie du tau. [Switch total accepté, bouton expertise allumé, challenge, intérêt.]
— Oui, c’est ça. C’est ça qui nous pourrit la vie. [Main gauche au front, souffrance, mais espoir, où est la dopamine ?]
— Il faut vérifier ça proprement quand même. [Espoir, challenge, question.]
— Oui, il faut vérifier. » [Toujours main au front, mais espoir, roulis des yeux et des neurones, un truc qui tourne en boucle et tournera en boucle des heures, des jours, des mois, tant que non résolu.]

Le puzzle irrésolu fait irruption n’importe où. Au bar. Sous la couette. Au petit-déjeuner avec ses enfants. Dans la rue en glissant sur le verglas. En conduisant et se trompant de route. En discutant avec sa femme/son mari de quelque chose d’important. Sous la douche. Et lors de cette irruption, il faut s’y adonner, s’y perdre, parce qu’il y a peut-être une résolution qui point. Sans. Attendre.

C’est très différent, me disais-je, de la folie de l’écrivain. Folie du physicien. Comment m’imaginais-je même un seul instant m’en sortir ? Entre les deux, je n’ai absolument aucune chance.

Workshop [-1] : Être mère-physicienne

À l’aube, mon téléphone est plein d’alertes météo. L’école est fermée.
« C’est tout blanc tout joli par la fenêtre, » m’écrit O. depuis son hôtel.

Comment faire lorsque tous vos proches collaborateurs ont débarqué d’Europe, qu’il faut préparer d’urgence votre workshop international démarrant le lendemain, que les routes sont enneigées, les écoles fermées, votre mari dans les airs transatlantiques et peut-être bloqué, qu’il n’y a personne dans ces forêts pour vous suppléer ?

Il n’y a pas le choix : je dis aux enfants de s’habiller pour la neige et je les (en)traîne. Au café, pour eux chocolats chauds, pour les grands discussion et espressos. La traversée des grandes pelouses devant le Old Main et une bataille de boules de neige initiée par O. ; à l’université, tester la salle, les derniers détails, visiter des laboratoires de construction d’antennes puis emmener tout le monde déjeuner d’un ramen.

L’après-midi, il n’y a toujours pas le choix : j’accueille cette foule joviale dans ma salle à manger. V. commente que la maison est joliment décorée. O. écoute les noms des cinquante pierres précieuses de A., des trente peluches de K. Physiciens comme enfants sont d’un naturel et d’une délicatesse parfaits.

Toute la journée, il n’y a pas le choix, mais il y a mieux. Cette miraculeuse opportunité, dans la bienveillance des uns et les efforts des autres, d’être ce qui me paraît si juste : mère-physicienne dans son entièreté.

Et ce que mes garçons ne savent pas, c’est que pendant les cinq heures où ils jouent tranquillement dans leurs chambres, m’autorisant à être mère-physicienne, nous esquissons, dans une euphorie studieuse, le premier dessin de ce que sera peut-être le futur projet G.

Et ce que mes collègues ne savent pas, c’est que, de me révéler mère-physicienne, ce succès d’un jour qui résulte d’un labeur parallèle sur huit années*, vaut pour moi presque autant que le dessin de notre futur projet.

*Mon projet G. et mon fils aîné ont exactement le même âge.

Brainstorming dans une salle à manger pennsylvanienne, jan. 2024, O.M. tous droits réservés.

Workshop [-2] : Convergences transatlantiques

Je songe, depuis ce matin, à tous ces fils transatlantiques tracés dans l’air, nuages d’eau ; dans les cabines, ceux qui composent des transparents sur leur laptop, bercés par le bourdonnement des moteurs. Et dans les maisons européennes – dont la nôtre au parfum de bois vintage –, ceux qui préparent leurs valises, réservent leur taxi et se couchent tôt pour se lever à l’aube. Une toile qui se tisse et converge vers ma petite ville pennsylvanienne, au milieu de centaines de kilomètres de forêts. Étourdissante convergence de tant de fils verts et marine qui me sont chers, et je me sens un peu magicienne, comme si je les enroulais d’ici entre les doigts et qu’ils se raccourcissaient. Toute la journée, toute la soirée, à faire les choses posément, une par une, mes réunions de collaboration apaisées, l’interaction tranquille avec mes enfants merveilleux, la géniale ré-écriture de mon chapitre, et cette douce montée en puissance qui soudain prend de l’ampleur quand je reçois ce message de O. avec une photo de notre petit V. : « On a déjà pris trois kilos à Philly ! » Je leur propose : « Vous voulez passer à la maison prendre un whisky ? » et eux : « On est bien chauds, on atterrit à 22h ! » Le tout ponctué d’amour dans des formes diverses. Je suis dans cette attente suspendue, enveloppée dans un bain de joie chaude, comme si, dans les prochaines vingt-quatre heures, j’allais me rassembler avec tous les morceaux manquants de moi-même.

Son : Thomas Newman, Across The Ocean, in Elemental (Original Motion Picture Soundtrack).

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