La vie : étrangeté et sérendipité

Tim Burton, Charlie and the Chocolate Factory, 2005

Je m’émerveille encore de l’étrangeté de la vie. Malargüe, le vent et le sable, puis NYC avec la promenade déphasée dans Memory Lane, ensuite N. m’écrit : « I awfully need to talk to you, » alors nous conduisons chacune deux heures un lundi après-midi pour nous retrouver à mi-chemin au milieu de nulle part en Pennsylvanie, dans la ville-chocolat Hershey, déserte et décorée pour Noël, dans un café qui ressemble à la hutte du Père Noël – seul havre de lumière et de chaleur au cœur de l’irréel. Elle m’a à peine embrassée qu’elle me lance : « Depuis que je t’ai retrouvée, c’est le bazar dans ma tête ! Et ton truc de la crise de la quarantaine, en fait ce n’est pas cool du tout ! » Écho intéressant à cet autre ami cher qui m’écrivait il y a quelques jours : « Avec toi, je me mets à brasser toutes ces pensées et idées qui se trouvaient dans mon subconscient mais sur lesquelles je ne m’arrêtais pas avant… » Je réponds, un peu penaude : « Sorry. I don’t know what’s wrong with me. I seem to do this to people. »

Je pensais à nos conversations avec L. et à toutes les connexions survenues cette année sur cette veine-là. Est-ce que, d’une certaine façon, je catalyse quelque chose dans mes interactions ? Nous sommes tous à la même phase de notre vie, là où les nœuds se défont et se nouent, là où nous avons assez vécu, assez grandi pour revisiter le passé d’un regard neuf, envisager le futur d’un pas différent. Évidemment, ce n’est pas moi qui déclenche ces tourbillons – un peu d’humilité, tout de même ! Tout simplement, je suis de passage et les doigts ouverts pour saisir les morceaux d’âmes qu’on me tend, proposer les miens en retour. Et c’est merveilleux.

Au retour, je roule dans la nuit, j’ai 200,000 pensées à la minute, 200,000 mots à écrire, je songe à la réunion visio de ce matin à quatre, O., T., S. et moi, la pertinence de la discussion, la douce connexion humaine qui baignait le moment. La perspective de penser les étapes suivantes de G. avec ces trois-là – cette nouvelle vibration.

Je roule, et il se met à neiger, les flocons filent vers le pare-brise, éclairés par les phares.

C’est incroyable, vraiment, la sérendipité de la vie.

Deep down memory lane, with racoons

Sur la route de New York, nous passons par hasard par Fort Lee, New Jersey. C’est la ville de mes six ans. Une recherche google rapide m’indique que le condominium où j’habitais existe toujours, et qu’il est à sept minutes. Nous faisons un crochet. C’est la nuit, nous avons roulé pendant plus de trois heures en évoquant ce que notre métier nous a permis de vivre toutes ces dernières années – une préquel de Memory Lane en quelque sorte.

Quand nous arrivons, je suis dans le clair-obscur de l’étrangeté. Il fait sombre, il pleut à verse, il fait froid. Cela fait trente-cinq ans, mais je reconnais immédiatement les lieux. Je sors de la voiture, enjambe les flaques, et je contourne l’immeuble vers l’arrière. Il y avait un local à poubelles où les ratons-laveurs venaient chercher à manger. Le local est toujours là. Pas de ratons laveurs – il doit faire trop mauvais.

X m’écrit : « J’ai fait un pèlerinage aussi récemment, j’ai été voir l’immeuble où j’ai fait mes études, et où j’ai rompu avec ma copine d’alors… » Je ris, même si ce n’est probablement pas drôle : « Chacun son trip down Memory Lane : toi les ruptures amoureuses et moi les ratons-laveurs. »

Au bureau, dans les toilettes d’un airbnb à Harlem, NY

Avec le décalage horaire, il était 5h30 du matin. Il s’agissait de suivre une réunion de comité de revue de mon laboratoire parisien. J’adore quand on me pose une question sur mon projet G. et que j’allume ma caméra pour répondre, avec en fond le rideau de douche fleuri. Cette incongruité, et son partage amusé avec l’Europe éveillée, assise au pied des toilettes pendant que ma famille sommeille, c’est encore une étrange forme de liberté, de luxe raflés à la vie.

Dephased

Moi : Je suis tellement déphasée que la première chose que j’ai faite en rentrant, est d’oublier d’aller chercher mes enfants et de me faire appeler par l’école…
Lui : Déphasé, c’est le bon mot. On est parti de cet endroit sec, plein de sable, immense, hors du temps, où tout se déroule lentement, et soudain en un clin d’œil (enfin, en 18 heures de transit) on se retrouve quelque part où il fait froid, vert, humide, dense. Sans compter le retour brutal à la vie familiale et les deux mille mails sur lesquels on a procrastiné. Mon cerveau n’arrive pas à processer cet écart. Je vais me coucher pour voir si demain, ça ira mieux.
Moi : Exactement. Perso, j’ai dormi quatorze heures, mais je peine encore à donner un sens à ce qui m’entoure.

Ce que je ne lui écris pas, c’est le bien fou que me fait cet échange. De lire mon ressenti par des mots d’autrui – en anglais, et dont je peux imaginer l’accent. Ce partage tissé sur deux semaines dont la silhouette subsiste par-delà les fuseaux horaires. D’avoir encore dans la tête tant de vent et de sable, ces lumières du couchant, ces nuages de Magellan, et de me sentir moins seule avec mes souvenirs.

Nobuhiro Nakanishi, Layer Drawing, Light of the Sunrise 2, 2012

Les connexions

Santiago Ramón y Cajal, Sphenoidal cortex, circa 1894, the Cajal Institute and the Spanish National Research Council

Lorsque j’arrive à l’aéroport de São Paulo, j’ai la gueule de bois d’avoir passé les deux dernières semaines ivre, pas que de Malbec, mais surtout de vent et de gens. J’ai du sable de la pampa partout. Dans les oreilles malgré les douches, dans tous les interstices de mon portefeuille, dans les coutures de mon sac, dans les chaussures, le téléphone. J’ai le coeur ridiculement ensablé des multiples découvertes humaines. Ces gens. Cette richesse, ces histoires vraies de la vie.

Les petits-déjeuners avec Ralph. M’échapper avec T. d’une session de présentations, aller faire voler son drone au soleil couchant ; ensemble contempler dans un silence serein les nuages-soucoupes et les longues ombres des touffes d’herbes dans la pampa depuis son oiseau mécanique à cent mètres d’altitude. Sentir ma main toute petite, serrée fort entre celles d’un collègue allemand, les yeux rougis par quelques compliments. Dans un bureau, pendant deux heures écouter une belle argentine déverser sa vie, sa fille, le père de sa fille, et toutes les joies et difficultés qui vont avec. « Pourquoi est-ce que je te raconte tout ça ? » s’arrête-t-elle d’un coup. Je me retiens de lui répondre : Oh c’est simple, comme dirait ma sœur, je dois dégager des phéromones cette semaine. La preuve ultime : pendant tout le dîner de collaboration Auger, un chat est resté accroché à mon siège.

À ce dîner, I. me confie, dans la pénombre, sous les arbres et à côté des moutons, dans l’odeur d’asado qui imprègne mon manteau : « Je crois que j’aime trop les gens. Ma mère me disait toujours d’arrêter de faire confiance. Mais on peut me blesser encore et encore, et toujours je finis par pardonner et trouver des excuses. » Je réponds que dans une certaine mesure, je suis comme ça aussi. Je sais les gens un peu noirs, un peu blancs, un peu gris. Et j’aimerais me concentrer toujours sur la partie blanche. Elle me sourit : « Exactement. Et tu sais, quoiqu’on en dise, je n’ai pas envie de perdre ça. » Je l’embrasse : mais oui, tu as raison. Il ne faut pas perdre ce regard, c’est notre qualité et non une faiblesse.

Je me rassois à côté de T. qui entre temps a fini son dessert. Plus tard, il m’attend pendant que je dis au revoir à tout le monde, dans d’étranges embrassades. Ralph me souffle : 7h demain pour le petit-déjeuner. T. et moi rentrons seuls sur une piste sableuse, dans la nuit noire. Il est une heure du matin. Orion comme un guide devant nous. Nous parlons de nos enfants et de choses sans importance, nous rions beaucoup. Il y a cette connexion douce qui nous soulève.

Je ne me lasse pas de voir les façades se morceler et révéler ce qui compte, au moment de ces ponts qui se tissent. La partie blanche et profonde des gens, qui me laisse surprise, éblouie, nourrie.

Ralph

James Stewart in Bend of the River, 1952.

Il y a ces personnes qui sont à 30 sigmas de toute forme de vie humaine. Ce théoricien allemand devenu aussi expérimentateur, à l’esprit d’une brillance hautement supérieure, si calme, bienveillant et visionnaire, est celui qui tient la collaboration Auger et qui dirige son institut depuis six ans. Sa présence dans une pièce est comme un baume. Les tensions s’apaisent et la physique ré-émerge. Il manie avec une force tranquille le langage scientifique comme les histoires drôles.

Tout le monde sait que c’est mon idole et j’en joue volontiers en plaisantant avec mes collègues, comme s’il était Brad Pitt – ou non, plutôt James Stewart. Avec son grand chapeau de cuir, son air doux mais ferme, sa silhouette bien faite et ses chemises bien repassées, il a effectivement une certaine dégaine – pas désagréable.

À Malargüe, l’homme le plus occupé de la communauté m’accorde deux dîners avec l’équipe allemande pour discuter stratégie autour du projet G. En rentrant du second, dans le lobby de l’hôtel, je tente ma chance et lui demande conseil sur ma carrière. Le lendemain matin, nous avions rendez-vous à 7h30 pour petit-déjeuner. Il a réservé une table dans un coin. Et il se passe ce que j’espérais secrètement : la connexion.

Nous parlons de tout ce qui importe. De sa fille. De mon fils. Il m’annonce aussi comme une évidence : Oui, tu vas prendre la direction de ton laboratoire – avec panoplie de raisons et conseils. Je n’en suis plus à ça près, et un jour où l’autre les frontières vont se dissoudre, alors je lui parle de mon livre. Comme Andromeda, comme N., comme K., il me dit n’avoir jamais rien lu qui donne la dimension de ce que nous vivons, nous scientifiques, et m’intime de l’écrire. Il est l’heure d’aller travailler. Il me propose : demain, on continue, à la même heure.

Le lendemain, je grignote mon alfajor trempé dans le mauvais café argentin et il dévore son breakfast continental. Il n’y a aucun déchet dans ce que nous partageons. Le soir-même, au dîner de collaboration Auger, devant deux cents personnes, il fait un one-man show, un discours drôle, fin, émouvant. J’y retrouve des bribes de notre conversation matinale. Je me dis que c’est une coïncidence, mais quand je l’attrape plus tard pour lui exprimer mon enthousiasme, il me fait un clin d’oeil, puis me propose : demain matin, avant ton départ, petit-déjeuner à 7h.

L’homme le plus sollicité de la communauté envoie gracieusement paître tout le monde pendant notre troisième petit-déjeuner en tête-à-tête : « Nous avons des choses à nous dire avec Electre. » Je sais qu’il est rentré se coucher la veille à 2h, a dormi à peine quatre heures pour discuter avec moi. J’avais aussi peu dormi, mais je m’en moquais bien.

Je me disais : peut-être qu’en conversant avec Ralph, en écoutant ses pensées, ses conseils, ses histoires, sa vision, sa sagesse va finir par infuser un tout petit peu en moi ? Je me plains tellement de manquer de reconnaissance dans mon métier, de donner tout le temps, du sentiment d’abus des hommes, je médis, je peste, je suis pleine de colère et d’aigreur. Et voilà un homme qui n’est que générosité et brillance d’esprit. Qui fait tout pour la communauté dans la considération de chacun et l’amusement de la physique, toujours débordé par ses engagements, les cheveux blanchis par ces six dernières années, et qui ne se plaint jamais.

Je monte dans mon taxi, affronter les quatre heures de route vers Mendoza puis mes quatre vols jusqu’en Pennsylvanie, et j’emporte avec moi cette réflexion : devant les ailes de la gaussienne, on ne peut que se sentir toute petite.

Truchas, nuages de Magellan, batteries et Malbec

Dique Blas brisoli, juste avant Las Truchas, nov. 2023

Quand on me propose d’aller dîner à Las Truchas, évidemment je dis oui. Nous sortons de la ville au soleil couchant, roulons sur des pistes dans la pampa, et nous arrêtons à cette maison basse au bord de la rivière, bordée de bassins, labyrinthe d’eau en pierre, où circulent les truites. Le repas est une merveille, la compagnie agréable. Au retour, le ciel est parfaitement dégagé. Nous nous arrêtons : ça fait partie du rituel de Las Truchas, de regarder, bien repus, le ciel étoilé. Je me rappelle, il y a plus de dix ans, le coup de poing au ventre à la découverte des nuages de Magellan, sur cette même route. Il doit faire cinq degrés tout au plus. Dans le noir, j’ai froid et j’avale de tous mes yeux la bande galactique diffuse basse vers l’horizon, et plus haut les deux coups de bombe blanche. On aurait envie de tendre la main et de cueillir ces duvets intrus suspendus dans le ciel.

Dans l’atelier batteries de l’Observatoire Pierre Auger, nov. 2023

De retour à la civilisation, une série de messages de M. m’annonce que son car depuis Buenos Aires est enfin arrivé et qu’il a commencé à travailler dans l’atelier de l’Observatoire. Je l’y rejoins. Le gardien me reconnaît. Les lumières sont allumées à plusieurs fenêtres du bâtiment. Les physiciens et ingénieurs sont toujours au travail. Quand il me voit arriver, M. pose ses outils et m’étreint longtemps et tendrement. Jusqu’à minuit, nous installons l’expérience qu’il a conçue pour mesurer les capacités de nos batteries. Dans l’une des salles de mécanique, la radio allumée passe des airs de tango.

À une heure du matin, nous partageons des empanadas et un verre de Malbec dans le bar d’en face. Il n’y a pas assez de temps, il faut rentrer se coucher et demain sera encore une longue journée. Mais j’ai un flot de paroles inarrêtable, et avec M. c’est si facile de se confier, de tout raconter, mes conflits internes et mes colères, les dernières péripéties de la collaboration : il sait et comprend tout, son regard et ses suggestions ont une humanité posée. Au moment de se quitter, il me dit : demain, on boira chez moi, et on se promet que demain, on parlera de la vie.

Go ahead and write

Ensuite, j’ai Andromeda au téléphone. Elle pensait que je voulais lui demander conseil sur les postes de direction de laboratoire qui continuent à me poursuivre. Je lui balance tout en cinq minutes chrono : en fait non, trois milliards de choses se sont passées cette année […] Et je t’appelle parce que je suis face à un gros dilemme avec mon livre : profiter de cette incroyable plateforme pour conter les injustices et risquer de me faire lyncher par la communauté, ou bien me taire ?

Sa réponse : « You are a writer. So go ahead and write. You are not going to write the boring stuff. Some people are going to be upset, but that’s inevitable. I guess that’s part of writing. »

Puis nous parlons deux heures. Des grandes opportunités qui se présentent à elle. De son projet de détection de neutrinos. Du mien. Des gens cons. Des gens bien. Je lui avoue que face aux difficultés politiques, j’ai toujours cette démarche de me demander : « Qu’aurait fait Andromeda à ma place ? » Elle m’enjoint, en écho à N., à K., de mettre mon écriture au service de notre métier, et de raconter nos vies folles. Puis à la fin : « You are always full of surprises. Thank you for being yourself. » De quoi être tout à la fois émue, débordée, impostrice, et me promettre de tout faire pour essayer d’être à la hauteur.

Spooky and happy

J’aimerais que mes journées soient toutes de cette lueur. Pleines de perspectives scientifiques, résumées simplement par O. : « C’est cool comme moment ! ». Pleines de ce fil vert avec L. qui donne de la profondeur et le sourire à chaque fois que j’ouvre mon téléphone. Pleines de musique. A. a enfin ce déclic postural cet après-midi, avec sa prof de piano ; ses coudes se détendent, et le ruban de notes qui en découle fait couler le ruban d’eau sur ma peau. C’est un étrange privilège d’assister à la transformation d’un morceau et de son fils dans la musique, voir en lui croître la technique comme un champignon, le voir habiter son jeu, prendre de l’ampleur et de la pertinence – et Bach passer du labeur au chatoiement complexe et délicat. Pour changer drastiquement d’époque, dans la voiture, au retour, nous hurlons tous les trois sur les feux d’artifices de Katy Perry. Je prépare un stew de poule, K. termine sa rédaction illustrée de japonais, A. ses exercices de français. Puis la nuit tombée, ils se déguisent en gentleman-vampire et en mignon-sorcier et nous allons trick-or-treat-er, faire la tournée des maisons alentours décorées de bougies-pumpkins, les pieds pris dans les feuilles. Plus tard avec P., regarder Omar Sy enfiler son dernier déguisement, et de ses yeux pétillants, incarner mon héros d’adolescente. Enfin aux petites heures indécentes, ce merveilleux exercice : me passer et repasser une vingtaine de fois la plus belle scène de l’histoire du cinéma, l’or, la magie et la finesse sur les quais de la Seine, pour faire accréter et jaillir des astres dans mon nouveau chapitre.

The vengeful generation

Hayao Mizazaki, 風の谷のナウシカ (Nausicaä de la vallée du vent), 1984

Le lendemain matin, je rejoins ma grande N. dans un café de Philly, et nous reconnectons quelques heures. Elle pose cette question comme une litanie : « How did we get there? » Elle me raconte avoir récemment été touiller son passé (celui d’il y a vingt ans, comme par hasard), et avoir découvert cette fille si seule, paumée et qui voulait faire de la physique mais qui pensait qu’elle n’y arriverait peut-être pas. (Comme par hasard, bis.) Et qui s’est battue. (Comme par hasard, ter.) Je dis : je crois que je suis arrivée là parce que je voulais prouver à tous ceux qui me disaient que je n’y arriverais pas qu’ils avaient tort. Elle opine : « Exactly. We are the vengeful generation. » Et maintenant ? Nous concluons que nous n’avons plus rien à prouver, et juste à apprécier l’endroit où nous nous trouvons. Nous nous escalaffons : voilà le problème. Ça ne nous est jamais arrivé ! Être confortablement installées et simplement profiter de la vue ? Non, nous avons toujours eu besoin d’un projet, de directions qui nous animaient. Nous pleurons toutes les deux quand je lui raconte ma journée pleine de tristesse et d’espoir. De par notre culture commune, elle saisit, sans que j’aie à le verbaliser, le concept japonais des âmes et des fantômes qui veillent. Elle me sert fort dans les bras et me dit : « Alors c’est formidable, tu sais où tu vas maintenant. »

Bande son : Radiohead, High and Dry, in the bends, 1995.