Adriatique asiatique

Quadrillage tridimensionnel pour habiller la topographie, de tours et d’avenues droites, dans une verticalité rampante et moderne – quelle différence avec l’Amérique latine. Puis des enfilades d’îles comme des friandises, et des paquebots qui tracent leur bave blanche et courbe, les attroupements de canots touristiques autour de roches paradisiaques transperçant la nappe bleue. Vue du ciel, Hong Kong a des airs d’Adriatique asiatique.

L’Adriatique vue du ciel par Hayao Miyazaki, dans Porco Rosso, 1992

L’envol

Jusqu’à trois heures du matin, c’était le délire. Un étrange délire, et je me suis couchée hagarde, dans un entre-deux, sans autre sensation que celle du flottement et de l’inachevé, alors que pourtant…

À midi, après toutes mes réunions visio dans la cuisine, je sors dans le grand soleil, chapeau, robe et lunettes noires. Sur le perron, je trouve un colis. C’est mon kit Arduino qui vient d’arriver. Quel timing, me dis-je.

Je lève les yeux vers le nid de petits oiseaux rouges qui se sont installés sur notre façade, juste à côté de la porte d’entrée. Depuis un mois nous avons observé avec ravissement les cinq œufs bleus éclore, des machins aux gros yeux bouffis et sans plumes se blottir les uns contre les autres, les ailes pousser, les becs déjaunir. Aujourd’hui, quand je m’approche du nid, d’un coup toute la flopée s’envole dans un merveilleux bruissement.

J’aurais pu pleurer pour ce moment-là, vous savez. Que les oisillons choisissent ce jour, ce jour particulier qui fait suite à cette nuit particulière, pour s’envoler. C’est toujours ces incroyables aléas de la vie que je veux interpréter comme des signes. Le signe qu’il faut continuer à magnifier cette vie – que je ne me trompe pas de lentille, de direction.

Son : La voix profonde magnifique de Tokiko Kato, 時には昔の話を (Tokiniwa mukashino hanashiwo) qui clôture l’un des plus beaux films existants : Porco Rosso, de Hayao Miyazaki, 1992. Toute ma vie j’ai cherché à rendre cette impression-là : la fin, la non fin, la suspension, la nostalgie et les espoirs, les commencements de tout.

Pennsylvanie, mai 2024 © Electre

La beauté souillée

Mais. Et c’est peut-être aussi cela qui me mangeait du fond du ventre cette dernière semaine – ça me déchire d’avoir dû faire le choix de la Cancel Culture pour ce chapitre 9. D’avoir décidé d’effacer de mon livre cette scène virtuose, qui est tout simplement pour moi, l’une des plus belles séquences de l’Histoire du cinéma. Elle est unique dans sa magie et sa délicatesse, dans tout ce qu’elle représente. Elle m’a accompagnée depuis mon adolescence et j’ai construit mon lexique imagé autour de cet effleurement-là. Je sais que je ne me trompe pas dans mon choix. Que ce sera peut-être ainsi une façon de préserver cet amour, justement en dissociant l’œuvre de toutes polémiques ou tous questionnements. Mais.

Est-ce que la beauté a le droit de sortir souillée de doute ? Et souillée tout court ? On aimerait tellement qu’elle soit parfaite. Intouchée, intacte, irréprochable, à apprécier dans son entièreté, ses ramifications et ses racines.

Mais si j’étais une artiste et coupable avérée, je me demande si je n’aurais pas cette supplique : « Oui, j’ai fait des choses horribles, je l’avoue. Mais s’il vous plaît, laissez mes créations en dehors de ça. Elles sont innocentes. »

Everything that rises must converge

C’est quand même bizarre le pouvoir du lâcher prise. Physiquement, je suis toujours au bord du malaise vagal permanent. Mentalement, je décide enfin de lâcher prise. Le soir venu, je me lave le cerveau : je passe trois heures à scanner des robes sur Vinted, j’en achète six, je regarde Dune, je bois du whisky, je lis Murakami et Beauvoir.

Et le lendemain matin, comme je m’assois au café avec un raspberry scone et que j’expédie tranquillement les taches administratives qui me saoulaient…

J’ai enfin mon chapitre 9.

D’un coup, tout fait sens. Les heures à voir et revoir des scènes de Funny Face [et ne pas être d’accord, malgré Audrey Hepburn], à poursuivre Sartre dans des bars à jazz enfumés de Saint Germain, à ne rien comprendre à l’existentialisme, à errer entre sa préface à un catalogue de mobiles de Calder, à chercher des découpages de Matisse. Je découvre que Simone avait son premier appartement d’émancipée à Paris exactement à cinquante mètres de mon institut, elle parle bien sûr de Sartre – comme d’une sorte de work-spouse [il faudra faire un billet dédié là-dessus] – et desdits cafés/bars enfumés. Éplucher les articles du Monde de 1967, la guerre de six jours, le Vietnam, tomber sur un article sur Le Diable et le Bon Dieu. Entendre Pierre Brasseur jouer Kean sur France Culture. Quand j’ouvre Profession romancier de Murakami, y lire son évocation de la révolte étudiante de 68. Au fil des nuits, doucement, la mise en place de cette convergence. Mais le fil m’échappait encore, je me débattais avec acharnement, il m’échappait parce que je le cherchais.

Alors une fois le cerveau rincé.
C’est arrivé tout naturellement. Et au moment où c’est là, c’est une évidence.
Et une délivrance.
Le soleil de printemps qui chauffe l’air à 22 degrés.
La couleur des crocus et des jonquilles.
Inévitablement, les choses convergent dans la vie – comme c’est rassurant, et comme c’est formidable.

Son : Sufjan Stevens renoue avec la poésie éthérie et ses finales en envolées symphonico-électroniques de ses anciens albums. Même si l’allusion à Jésus ne me parle pas, après tout, on appelle ça comme on veut : Everything That Rises, in Javelin, 2023.

Henri Matisse, Deux danseurs, 1937-1938, papiers gouachés, découpés et punaisés, et mine graphite sur carton collé sur châssis.

Le processus d’écriture [1] : Cancel culture ou pas

Au cours de mon voyage dans le grand Sud, je ressasse mon chapitre 9, celui qui commence sur une scène d’un film de Woody Allen. Mon éditeur avait commenté, lors de notre entrevue à Paris : « Il n’est pas en odeur de sainteté. Mais ce n’est pas grave, c’est toute la question, justement, de vouloir ou non séparer l’œuvre de l’homme. » Soudain prise de doute, je passe une nuit à scanner les sites people et les articles de journaux, les Mostra de Venise et autres, pour comprendre de quoi on l’accuse. J’adore les films de Woody Allen et son talent fou. Je ne sais pas comment me situer par rapport à la cancel culture. Mais je ne veux pas mélanger les batailles. Une phrase comme « Il y a l’attraction évidente de Woody » pour faire un parallèle avec l’attraction gravitationnelle, ça ne passe pas du tout dans ce contexte ! La conclusion est claire : mon chapitre est entièrement à ré-écrire.

Je passe toutes mes autres nuits à chercher une scène de film de remplacement, qui me touche et qui puisse servir de trame à mon propos. En vain, j’épluche les grands classiques, tous les films avec Audrey Hepburn, tous les films avec James Stewart, et puis les modernes, les Almodovar, les Wes Anderson, je cherche dans les couleurs de Jacques Demy, dans le sourire tordu de Harrison Ford, celui de Hugh Grant, les films romantiques à grandes robes, ceux intimistes à grands silences, les films indépendants et les blockbusters… En cinéma, je suis aussi éclectique qu’en musique (i.e., sans goût…?). J’aime tout ce qui est de qualité, et qui touche l’une de mes multiples fibres. Et pourtant, je ne trouve pas mon bonheur. J’en perds le sommeil et m’enfonce dans une sorte de déprime anxieuse. Tout ça pour un chapitre et un extrait de film. On ne pourra pas dire que je ne vis pas intimement cette écriture.

Woody Allen, Goldie Hawn et Alan Alda, dans Everyone Says I Love You, dir. Woody Allen, 1996.

Lowcountry

“Plan of Charleston, S.C.”, 1849. Historical Maps of Alabama collection, University of Alabama Department of Geography

À la croisée d’un trois mâts et la promesse d’un nouveau monde
De longs champs de coton et des fers et des fouets
Des corsets, des rubans, des mousselines colorées
Charleston, c’est du Technicolor grandiose, d’innombrables romans de gare, des histoires qui se susurrent ou se murmurent. Mais surtout, le poids omniprésent de la souffrance et de la misère –
Et ce n’est pas le Disneyland du paranormal, les Ghost tours, qui entretiennent le frisson inconfortable quand on parcourt le Lowcountry. L’esclavage, c’était il y a cent cinquante ans : quelques générations, c’était hier. Comment construire sur des champs brûlés, des terres données puis reprises, sur de l’inhumanité dans sa forme la plus abominable ?
Le Rainbow Row et tout le French Quarter est riant, bobo, coloré, de briques et de volets au vert quasi noir. Les cafés et les pubs vendent des mets exorbitants dans cette atmosphère vintage-luxueuse que l’on retrouve partout.
Mais dès qu’on s’éloigne de cette façade, l’Amérique délabrée : l’alternance de fast-foods douteux et de terrains vagues en sable battu, que des noirs-américains esseulés qui déambulent le long de routes sans âmes, dans une allure qui crie leur pauvreté, les rails rouillés qui se traversent comme on écrase le passé, mais sans réussir, encore, à s’en affranchir.

É-mère-gences

C’est un peu, me disais-je, comme si je m’étais déclarée. Comme la louve de la femme Narsès. Comme Electre. Et d’un coup ça a clos le chapitre précédent de ma vie et ouvert le suivant.

Je me suis déclarée et j’ai pris dans la figure une flopée de choses peu acceptables, sexistes, paternalistes, qui forcent une structuration précise de mon esprit, un cloisonnement délicat, une navigation intelligente. D’un coup, mon mode cérébral a basculé et j’ai besoin de toutes mes forces pour être fondamentalement juste.

Et dans cette fluctuation, une émergence bienvenue. Je disais à L., à M., la semaine dernière : « Je suis insatisfaite de ma relation pourrie à A. J’avais décidé d’abandonner ça cette dernière année et de vivre d’autres choses que j’avais envie de vivre. Mais un moment, il va falloir que j’y revienne. Il s’agit de mon fils. » Et lorsque j’ai atterri à New York, après avoir survolé l’Océan Atlantique, cette évidence qui s’est ancrée en moi et qui ne me quitte plus : tout se passera très bien pour A., il sera magnifique et aura une vie magnifique, et c’est cette confiance-là qu’il faut que je lui transmette. L’énergie, la magie, les certitudes que j’ai tissées avec d’autres dans des fils éthérés et scintillants, je suis enfin prête à les déverser juste ici à mes pieds. À redevenir mère. Et soudain à l’orée de ce nouveau chapitre, je me sens si forte, si juste, tout me paraît accessible et j’ai envie de pleurer ; vous comprenez ?

Romain Gary, auteur de La Promesse de l’aube, à l’âge de 12 ans. Collection Alexandre Diego Gary, 1924. Parfois, vous prénommez votre fils, et vous en découvrez ensuite le sens et la beauté dans la littérature. Et ce regard. Mon Dieu ce regard.

Academic family

Je dis à P. : « Ça valait la peine de venir en Pennsylvanie rien que pour ces trois semaines avec nos academic kids. » Les academic kids, M. ma lumineuse (Julie Delpy ?) et A. le très cool (Ethan Hawke ?), nos doctorants parisiens respectifs, composent avec nous une drôle de famille pennsylvanienne temporaire. Exquis, brillants, enthousiastes, ils sont le combo de doctorants et d’invités délectables. Entre les discussions au tableau dans le bâtiment de physique, les allées du campus pleines de neige, au bord de lacs gelés et notre salle à manger, à cuisiner des crumbles et des salades japonaises pour eux, les accueillir pour faire leur lessive, et les écouter lire à nos garçons le soir, les conduire à l’agence de location de voiture et leur donner des tuyaux sur Philly. J’emmène M. dans les dédales de la grande bibliothèque universitaire, et la grande joie de la voir partager mon enthousiasme, emprunter La force de l’âge sur son conseil, parler de gerbes atmosphériques et d’émission radio, de méthodes de régression linéaires à quatre, mais aussi avec mon frère de thèse K. et une post-doctorante pleine d’envies, à chaque instant une forme de perfection d’interagir avec eux, l’absence totale de fausse note.

Ce que j’aime, dans ce chapitre de ma vie, et ce que nous offrent ces academic kids, c’est d’être ce couple rêvé avec P. : si tranquilles, avec notre maison toujours ouverte, de pouvoir les inviter à dîner de façon impromptue, leur offrir notre aide logistique, financière, et bien sûr scientifique. Il y a dix ans, nous étions les Bacri-Jaoui de la physique. Aujourd’hui, nous sommes les Pylade-Electre de la physique, à notre façon propre, dans une intelligence, une harmonie et une puissance que je ne m’explique pas. Comme à l’époque, quand nos regards se croisent et que nous apprécions tout ce qui est, je murmure : « Il ne faut pas s’endormir. Il faut continuer, toujours, à tendre ensemble vers cette justesse-là. »

Son : Vladimir Cosma, LAM Chamber Orchestra, Mouvement perpétuel, dans la BO du film Les palmes de M. Schutz, par Claude Pinoteau, 1996.

Isabelle Huppert et Charles Berling, dans Les palmes de M. Schutz, de Claude Pinoteau, 1996. Le film qui, avec le film quotidien qu’était la carrière de mon père, m’a inspirée vers ce métier.

Pennsylvania Song

Longues longues routes entre les collines pennsylvaniennes enneigées, longues longues rues bordées de maisons de briques aux portes colorées, longues longues bourrasques de vent glacial, dans de longues longues conversations qui s’étirent, vont et viennent, dans des lampées de café ; quelque chose, comme un temps gris et une musique langoureuse, longue nuit, de mots et de mots, dans des compte-gouttes aux paupières closes, le grand rectangle des rêves aux draps vierges. Semi-inconsciente, je lançais dans des paniers de basket des pommes-neutrinos vertes, je pensais à Delphine Seyrig et sa robe rouge, à la succession des voix off qui disent et ne disent rien, au phénomène confus de la contemplation, à la profondeur bouleversante de l’ellipse. Au matin ma robe noire, mes cheveux mouillés, et cette petite tache de peau blanche au-dessus du genou gauche de mon bas de cachemire, l’accroc de la boucle de ma botte quand j’ai croisé les jambes. Le soir, N. me confie tant de choses qui lui sont apparues et qui me remuent, et sur moi, elle me demande : « Electre, qu’essaies-tu de sauver exactement ? »

Son : toujours cette antienne, mais cette fois-ci entonnée par la voix rauque de Jeanne Moreau, composée par Carlos d’Alessio, India Song, 1975, dans la BO du film éponyme, par Marguerite Duras, basé sur son roman Le Vice-Consul.

Paul Cambo et Renée Devillers dans Electre de Jean Giraudoux, au Théâtre de l’Athénée, Paris, mai 1937. Photo Roger Viollet.

Un pur produit de l’Éducation Nationale

En recherchant dans ce carnet mon billet sur la Symphonie #6 de Sibelius, je constate avec amusement que j’y fais référence à Faust. Et encore plus amusant, le billet qui suit évoque cette scène parisienne de Woody Allen. J’écris à un ami cher, avec force émoticons de facepalm, que décidément, je n’ai pas évolué depuis treize ans. Pire : ce sont en réalité des découvertes de mes années lycée, ce qui étire ma stagnation culturelle sur quelques vingt-cinq ans.

En vérité, je crois que je dois ma (maigre) appréhension du monde à ces années lycée. Je ne sais pas qui était aux manettes pour dessiner le programme de Lettres et d’Histoire en 1997-2000, mais, mis à part cette erreur grossière de nous imposer Les confessions de Rousseau au bac de français*, c’était magistral. Tout se complétait et se parlait : Electre et l’entre deux guerres en Histoire, Lili Marleen ou les tableaux d’Otto Dix dans les cours d’Allemand, Hemingway et tous les auteurs de la crise de 29 dans nos six heures hebdomadaires de littérature anglo-américaine… J’ai dû lire un livre par semaine à cette époque, tous les mercredis soirs il y avait la diffusion d’un vieux film classique sur Arte, et j’écrivais mes dix pages de commentaires composés en écoutant France Musique.

J’avais quarante-cinq heures de cours par semaine, et je me plaignais de bleuir sans cesse des copies, ma bosse d’écriture sur le majeur droit avait la peau qui pelait, et puis tous les jours, dix fois par jour, je passais d’un état de résonance ultime à une envie de mourir. Mais bon sang que c’était sublime et nécessaire. Oui, nécessaire. Car avec le recul, c’est exactement là que je me suis définie. Tout le reste n’a été qu’incrémentations.

Au final, je ne sais pas si j’étais d’emblée sensible aux colorations variées de cette longue période qui s’étend depuis la fin du 19ème jusque vers 1970, ou si l’Éducation Nationale m’a juste endoctrinée à un moment où j’étais la plus réceptive. Probablement un peu des deux. Enfin, l’« endoctrinement », ça a été justement de penser par nous-mêmes. Je trouve extraordinaire l’enseignement que nous avons reçu sur cette émancipation de l’esprit : d’être aussi profondément nourris, d’ingurgiter tant, pour pouvoir ensuite avoir des outils pour mieux penser et discuter notre monde. Comme on apprend à peindre de façon classique avant de se lancer dans l’abstraction, j’ai eu le sentiment qu’on nous a bourré le crâne pendant longtemps, mais que c’était pour une bonne cause, parce qu’à l’âge où nous avons commencé à en être capables, on nous a appris à croiser tout cela, à critiquer, à adopter ou rejeter, à comprendre les courants, la complexité et la beauté. Pour devenir ces personnes qui agissent, débattent et créent maintenant au cœur de la société. (Ou qui font de la socio-analyse rétrospective de comptoir baveuse dans des carnets en ligne…)

*Pardon, mais aucune chance que des lycéens de 16 ans s’identifient ou trouvent un quelconque intérêt aux réflexions dégoulinantes d’un narcissique mégalo qui revisite sa petite enfance au 18ème siècle. Et il n’y avait aucune connexion possible avec les autres matières étudiées en Première. Il y a tant d’autres grandes œuvres qui pouvaient vibrer avec nos préoccupations de l’époque ou celles à venir, qu’il pouvait être utile d’avoir explorées une première fois. Là, c’était à mon sens une erreur de casting.

Horloge solaire 1673 de l’escalier principal du Lycée Stendhal à Grenoble, ancien collège de Jésuites, que nous montions et dévalions huit fois par jour. Nous la regardions à peine au bout de trois ans, mais il est évident que le bâtiment participait au sentiment du Savoir. © Laurent Ravier